1 – Quel a été votre parcours ?
J’ai un diplôme d’ingénieur généraliste et j’ai commencé ma carrière dans le contrôle de gestion tout d’abord en usine à l’étranger puis au siège d’une division d’un grand groupe industriel. J’ai intégré en tant que contrôleur Gestion Achats et Marketing Achats, la Direction des Achats et des Investissements lors de sa création à la holding. J’ai alors été en contact avec tous les services Achats du Groupe qu’il fallait fédérer : faire partager les « best pratices » de chacun et créer des synergies. J’ai rencontré des acheteurs et directeur Achats avec des profils et des méthodes très divers. Cela a été extrêmement formateur. Puis j’ai évolué vers des fonctions de plus en plus tournées vers les Achats. En 1999 j’ai quitté le Groupe Sommer-Allibert pour prendre les fonctions de Responsable Achats Toiles et Textiles chez Louis Vuitton dans un univers en pleine mutation : introduction des collections et de fortes contraintes de timings, croissance, développement de nouvelles matières, évolution des modes de fonctionnement, besoin d’anticiper et de prévoir où mon expérience professionnelle dans l’industrie s’est révélée précieuse. J’ai ensuite pris la responsabilité de la production de la Maroquinerie et de la Petite Maroquinerie chez Chanel : un autre type d’achats puisqu’il s’agissait de gestion des opérations et de sous-traitance. J’ai ensuite réalisé des missions d’organisation dans certaines maisons d’art et enfin la mise en place d’une organisation transversale pour les matières et les process communs à plusieurs départements, toujours chez Chanel.
2- Formation ingénieur : Quel(s) avantage(s) votre formation a-t-elle apportés ? Quel rôle, quelle Valeur Ajoutée pour l’ingénieur et le scientifique dans le processus Achats ? Avez-vous une expertise particulière ?
Il y a deux grandes voies qui mènent aux Achats : les écoles de commerces ou de gestion et les écoles d’ingénieurs. La formation d’ingénieur apporte la curiosité, l’ouverture d’esprit et la faculté de comprendre très vite les processus des matières à acheter et la façon dont on va les utiliser… et d’essayer de concilier les deux. Ma formation a été un atout primordial pour gagner en crédibilité auprès des fournisseurs et surtout auprès des sites de production : ne pas être qu’une personne de chiffre ou de commerce. Cela permet aussi des démarches de progrès et d’analyse des processus avec les fournisseurs de façon plus naturelle. La formation d’ingénieur apporte aussi de la rigueur et de l’analyse, indispensable également pour une politique Achats. Et puis aussi, même si cela est moins vrai aujourd’hui (du moins je l’espère) à être reconnue et respectée dans son poste, même si j’étais une femme…
3 – Quelle a été votre découverte du métier d’Acheteur ?
Un métier passionnant, très loin des clichés, en pleine évolution et qui s’est beaucoup professionnalisé ces dernières années. L’image des services Achats dans les entreprises a beaucoup évoluée. Ils sont maintenant intégrés très amont, reconnus, participent aux décisions et sont très souvent moteurs dans les liens entre les différents services… parce que nous sommes souvent les premiers impactés, les achats sont au début de la chaine. Les achats, c’est un peu comme un iceberg : 20% en externe et 80% en interne !
Dans le milieu du Luxe, vous cherchez très souvent la quadrature du cercle : coût, délai, qualité, innovation. C’est un challenge passionnant pour un ingénieur et qui se renouvelle sans cesse.
4 – Quels sont les profils Achats privilégiés dans votre secteur ?
Excellente résistance au stress et une grande capacité d’anticipation. Être agile, ouvert d’esprit, rapide et inventif. Beaucoup des achats sont inconnus la saison précédente. Il faut savoir appréhender très vite un métier, des nouveaux processus et en déterminer les points critiques et les solutions potentielles. Toujours avoir le plan B prêt, les dates des saisons sont fixes mais elles reviennent tous les ans. Être capable de gérer plusieurs collections/projets en même temps à des étapes d’avancements différents.